« Vous avez besoin de plus d’équilibre et d’harmonie dans votre vie. Comme l’ange de la carte qui transmute l’eau en mélangeant symbolique les différentes parties de la vie, vous pouvez suivre le flot des évènements au lieu de les forcer à prendre une certaine tournure. Il y aura toujours des hauts et des bas. C’est votre réaction qui détermine à quel point vous serez affectée. En vérité, l’harmonie et l’équilibre doivent d’abord être éprouvés intérieurement, en combinant les différentes parties de vous-même pour former un tout cohérent. Votre vie se mettra alors à refléter cette harmonie intérieure. »
Tarot de la sororité sacrée https://www.editions-eyrolles.com/livre/tarot-de-la-sororite-sacree
« Car depuis l’établissement du patriarcat qui institue la dévalorisation de tout ce qui est de nature féminine, les hommes projettent sur les femmes la féminité qu’ils portent en eux parce qu’ils la croient d’une essence inférieure à la leur. Le résultat c’est que les femmes doivent à la fois vivre leur propre féministe et supporter celle qu les hommes projettent sur elles. Vouloir que la femme devienne femme à la puissance deux c’est vouloir dénaturer la femme ; c’est surtout l’empêcher de créer et de s’unir en elle-même à l’élément spirituel masculin qui fait partie de sa propre nature ».
Rien de bien sorcier, écirvais-je au destinataire de ce texte. Oui, mais de première nécessité pourtant.
Qui suis- « je » au-delà des définititions extérieures que l’on peut donner de moi, de l’apparence physique, du caractère donné dans les grandes lignes, des rapports entretenus avec autrui, des occupations professionnelles et personnelles, des liens familiaux et amicaux, de la réputation, des engagements, des réseaux d’appartenance, au-delà de ces définitions sans doute justes mais aussi construites et trompeuses ? Profondément « je ».
Et ce « je » qui est notre richesse est fait d’une ouverture au monde -d’une aptitude à observer, d’une empathie avec le vivant, d’une capacité à faire corps avec le réel. « Je » n’est pas seulement celui qui pense et qui fait mais celui qui ressent et éprouve selon les lois d’une énergie souterraine sans cesse renouvelée. S’il était totalement dénué de curiosité, d’empathie, de désir, de la capacité de ressentir affliction et plaisr, que serait ce « je » qui par ailleurs pense, parle et agit ?
[…]
Ce livre plaide pour que nous sachion reconnaître non pas simplement une petite part ingénue d’enfance, mais le grand terreau d’affects qui nous forge et continue sans cesse de nous forger, être sensibles que nous sommes. Pour ne pas que nous soyons pas simplement obnubilés par des buts à atteindre – des carrières à faire, des entreprises à commencer, des rentabilités à assurer-, en perdant de vu le « je » qui est en lice. Pour que nous sachions que, sous-tendant l’exploit sans cesse renouvelé de vivre, se trouve ce moteur profond qu’est la curiosité, le regard bienveillant en empathie ou critique et constitutif que « je » porte sur le monde autour de lui.
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Ce « je » est fait également de souvenirs, mais à quoi obéit la sélection des souvenirs ? Elle se fait sans intervention de la volonté et la psychanalyse en sait long sur les raisons d’une nécessité oblivieuse, même si tous les souvenirs disparus ne relèvent pas de l’inconscient. L’évènement s’envole, mais reste l’essentiel, inscrit dans le corps, qui resurgit au charme furtif d’une évocation, au frisson d’une sensation, à la force étonnamment vive et parfois incompréhensible d’une émotion. À quoi cela tient-il sinon à cette voix intérieure brûlante, cette dynamo vitale dont nous ne savons même pas que nous l’avons élabodrée au fil du temps. Le souvenir n’est plus mais la mémoire sensuelle du corps parle toujours. Nous sommes un tissu muni de capteurs qui enregistrent des empreintes tenances lesquelles nous servent de tuteurs pour nous diriger. Trop de souvenirs nous paralyseraient. Restent les prototypes de ce qui nous touche vraiment dans le grand registre des émisions possibles.
[…]
Le monde existe à travers nos sens avant d’exister de façon ordonnée dans notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l’existence cette faculté créatrice de sens : voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du « gout » pour tout, pour les autres, pour la vie
Extrait du « sel de la vie » de Françoise Héritier, p83
« L’enjeu du yoga n’est pas de tenir une position en contractant son corps, mais au contraire de détendre certains muscles alors que d’autres travaillent. Il s’agit de trouver ce dont nous avons besoin réellement.
Le yoga et le chant sont 2 manières très concrètes d’apprendre son propre corps, ses forces, ses limites et son potentiel.
Ils permettent de se replacer dans le réel. Au quotidien, on utilise naturellement le toucher, l’odorat, le goût, l’ouie ou encore la vue pour ressentir les choses.
Le yoga et le chant relient toutes ces sensations.
Alors que nos 5 principaux sens ne font qu’absorber la réalité, le yoga et le chant offrent autant qu’ils absorbent.
Il y a un véritable mouvement dans cet échange, un mouvement qui se propage par sphères, et ne se contente pas d’un simple aller-retour. Leurs énergies sont pareilles à un boomerang qui ne cesse de tourbilloner qui repart dés lors qu’il a rejoint son point de départ.
Par le corps – le yoga et le chant – on peut calmer l’esprit. »
Sidi Larbi Cherkaoui, danseur et chorégraphe belge, « Pélerinage sur soi », p32.
« Granger se tourna vers Montag. “ça fait des années et des années que mon grand père est mort, mais si vous souleviez mon crâne, nom d’un chien, dans les circonvolutions de mon cerveau, vous trouveriez l’empreinte de ses pouces. Il m’a marqué à vie. Comme je le disais tout à l’heure, il était sculpteur. « Je hais ce Romain du nom de Statu Quoi ! me disait-il. Remplis-toi les yeux des merveilles disait-il. Vis comme si tu devais mourir dans dix secondes. Ne demande pas de garanties, ne demande pas la sécurité, cet animal-là n’a jamais existé. Et si c’était le cas, il serait parent du grand paresseux qui reste suspendu toute la journée à une branche, la tête en bas passant sa vie à dormir. Au diable tout ça, disait-il. Secoue l’arbre et fais tomber le paresseux sur son derrière !”. »
Fahrenheit 451, Ray Bradbury, p226 (Folio SF, 2019).
“La vie se joue souvent en deux manches : dans un 1er temps, elle t’endort en te faisant croire que tu gères, et sur la 2ème partie, quand elle te voit détendu et désarmé, elle repasse les plats et te défonce.”
“Au-delà de la vision de la famille comme la pierre angulaire de l’ordre social et donc du système du genre, et de sa perpétuation, ne pas vouloir d’enfants c’est aussi refuser une assignation à un rôle et une descendance. C’est rompre avec sa lignée d’humains qui nous précède.
Ne pas vouloir d’enfants, c’est être un point de rupture, c’est s’octroyer le droit de ne pas rendre la vie qu’on nous a donnée. C’est, si l’on suit Platon dans “Le banquet”, accepter d’être mortel en ne recherchant pas l’immortalité au travers de sa descendance.
Enfin, ne pas vouloir d’enfants, c’est troubler le système du genre en refusant les assignations au cœur de la division sexuée du travail. C’est, en ce sens, refuser l’ordre social de la parentalité, dans l’ordre du genre.”
“Le choix d’une vie sans enfant”, p90, Charlotte Debest, 2014.
“Reconnaissance mutuelle, échange de justification d’exister et de raisons d’être, témoignages mutuels de confiance, autant de signes de la réciprocité parfaite qui confère au cercle dans lequel s’enferme la dyade amoureuse, unité sociale élémentaire, insécable et dotée d’une puissante autarcie que l’on demande d’ordinaire aux institutions et aux rites de la “société”, ce substitut mondain de Dieu.”
“Julia était une fillette de 9 ans, j’en avais 18. Je ne savais pas qu’elle cesserait de prêcher, qu’elle deviendrait une putain puis la maîtresse d’un chef africain, à Abidjan. Je ne savais pas que nous serions amants ni qu’elle deviendrait un pilier de ma vie. Je ne savais rien d’Arthur qui avait 11 ans et encore moins de Jimmy qui en avait alors 7 et qui deviendrait le dernier et le plus dévoué des amants d’Arthur. Qui aurait pu savoir ? Derrière le visage de quiconque nous avons aimé pour de bon – qui nous avons aimé, nous aimerons toujours, l’amour n’est pas à la merci du temps et il ne connaît pas la mort, ils sont étrangers l’un à l’autre –, derrière le visage de l’aimé, si vieux, ruiné et marqué soit-il, se trouve le visage du bébé que fut autrefois votre amour et qu’il restera toujours pour vous. L’amour aide alors, si la mémoire ne le fait pas, et la passion, excepté dans son intense relation avec l’agonie, travaille à l’ombre de la mort. La passion est terrifiante, elle peut vous faire vaciller, vous transformer, vous faire courber la tête comme un vent qui se lève du fond de la mer alors que vous êtes seul au large sur le bateau de votre mortalité.”
“Nous existons tous essentiellement, après tout, dans l’œil de celui qui regarde. Nous réagissons tous à ce que voit cet œil et devenons, dans une certaine mesures ce qu’il a vu. Ce jugement commence dans le regard de ses parents (jugement fondamental, définitif, éternel), après quoi nous avançons, dans la vaste et étouffante galerie des Autres, en tête ou en queue de file, vers l’œil d’un ennemi ou d’un ami ou d’un amant.
Il est pratiquement impossible de croire en sa propre valeur humaine sans la collaboration ou la corroboration de cet œil -en d’autres termes, personne ne peut vivre sans ce regard. Il est possible, bien sûr, d’enseigner à cet œil ce qu’il doit voir, mais cela demande un effort qui blesse et épuise : cela permet certes de se protéger de l’humiliation, mais c’est alors affirmer que l’humiliation est le danger central de votre vie.
Et comme on ne peut risquer l’amour sans risquer l’humiliation, l’amour devient impossible.”
“Quelque chose en nous a été détruit par le spectacle des années que nous venons de passer. Et ce quelque chose est cette éternelle confiance de l’homme, qui lui a toujours fait croire qu’on pouvait tirer d’un autre homme des réactions humaines en lui parlant le langage de l’humanité. Nous avons vu mentir, avilir, tuer, déporter, torturer, et à chaque fois il n’était pas possible de persuader ceux qui le faisaient de ne pas le faire, parce qu’ils étaient sûrs d’eux et parce qu’on ne persuade pas une abstraction, c’est-à-dire le représentant d’une idéologie”.
Albert Camus “Le Siècle de la Peur”, (Combat, novembre 1948)
« Comme tous ceux qui aiment habiter dans les grandes villes, trop de calme m’inquiète. Autrement, pourquoi cette fascination pour l’idée qu’une ville puisse ne jamais s’arrêter. J’aime le bruit, l’agitation, les embouteillages, la foule, et surtout, j’aime m’en extraire. Entendre la rumeur, savoir que le bordel est au coin de la rue, que j’en suis loin, mais pas trop. »
« L’une des ruses de la raison sociale, c’est que le monde social vous envoie de la gaieté de cœur là où il veut que vous alliez, et vous ne voudriez aller pour rien au monde ailleurs qu’à l’endroit où on veut vous envoyer. C’est l’amor fati que j’ai décrit plusieurs fois. Pour faire comprendre, je dirais que la plupart des expériences biographiques sont de ce type.
La plupart du temps, nous allons là où le monde social nous aurait envoyés de toute façon, mais nous y allons contents. C’est ce qu’on appelle la vocation.
Il y a évidemment des exceptions, et elles sont très importantes : il suffit qu’il y en ait une seule pour que cela change tout. C’est la liberté ».